Le Chemin, avant, pendant... Et après ?


Randonneur "mécréant", je n'imaginais pas me mettre un jour en route vers Santiago. Et puis, il y a les "hasards" de la vie et des rencontres. Et notamment la rencontre cet été 2008 à Saint-Jean-Pied-de-Port, dans les Pyrénées, de "Bruno sac à dos", un autre "mécréant de la société" qui effectuait pour la 7ème fois le Chemin de Compostelle tandis que moi je marchais sur le GR 10. Je me souviens lui avoir dit "La septième fois ? Je comprendrais qu'on fasse le chemin de Saint-Jacques une fois, deux fois... mais sept fois, je ne comprends pas, y a tant d'autres chemins à parcourir". Il me dit simplement ceci, sans autre développement : "Tu ne pourras comprendre que quand tu l'auras fait !". Ensuite nos chemins se sont séparés, lui vers Santiago... moi vers Bagnères-de-Luchon...

Quelques semaines plus tard, de retour au pays, mes jambes me démangeaient, l'envie de partir et de marcher me reprenait de nouveau. Mais où ? Terminer ma rando sur le GR 10 dans les Pyrénées ? Trop froid en automne ! Et puis, je souhaitais que ma marche soit aussi un moment de réflexion et de recentrage sur moi, à quelques semaines de la reprise de mon boulot, de la vie active et du retour à la "réalité". Avec l'envie aussi de croiser d'autres personnes, d'autres randonneurs, mais pas trop quand même ! ;-) Ma conversation avec Bruno me revint à l'esprit. Et pourquoi pas un chemin de Saint-Jacques, me dis-je ?

Recherches sur internet... Le Camino Francés ? Oulala... une véritable autoroute du pèlerin d'après certains sites internet ! Avec le risque qu'il soit trop fréquenté à mon goût et de croiser certains types de pèlerins décrits dans un blog à la fois caustique et humoristique que j'ai lu sur internet... Et pourquoi pas la Via de la Plata ? Visiblement moins connue et peu parcourue, elle rejoindrait aussi mes aspirations de fouler de grands espaces et de traverser des paysages très différents tout en m'offrant de bonnes garanties de soleil ! C'est décidé, ce sera la Via de la Plata !

Et donc me voilà début octobre 2008 à Séville pour randonner sur le Camino... Durant plusieurs jours je me souviens avoir marché dans le sens "physique" du terme, pour engloutir des kilomètres ! Tout en m'accrochant à une échelle de temps, dirigée vers le passé (je marche depuis x jours...) ou projetée dans le futur (dans x jours j'arrive dans telle ville...). Et puis vint un moment, quelques jours après le départ, où ces références temporelles ont disparu, où simplement le présent de la marche comptait. Et c'est à partir de ce moment là, je crois, que le Chemin commença à faire un travail interne. Un moment, comme je l'ai décrit plus bas dans ce blog, où tu ne "fais" plus le chemin... mais où c'est - en paraphrasant Nicolas Bouvier dans L'usage du monde - le chemin qui te fait, te "défait"... et te "refait". Un moment où l'on n'est plus "sur" le chemin, mais "en" chemin. Où le Chemin opère une transformation intérieure, où l'on fait un cheminement personnel...

Et après ? La transition, le retour à la réalité et au quotidien... n'est pas toujours facile à assurer. Nombreux sont les pélerins à l'avoir testé. Comment intégrer dans sa vie "lo que el camino te ha dado" (ce que le chemin t'a donné) et t'a permis de découvrir sur toi. Mieux que je ne pourrais le décrire, je vous invite à lire le texte d'un autre pèlerin belge qui exprime très bien que "la difficulté n’est pas de reprendre ses habitudes mais, au contraire, de tout faire pour ne pas les reprendre"... Bon chemin ! Buen Camino !

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